En juin 1940, prisonnier de guerre évadé, l'abbé Marcel Poulain, vicaire à Notre-Dame d'Alençon, se fabrique de faux papiers de
démobilisation puis met ses talents de faussaire d'abord au service des prisonniers français qu'il fait évader. Il fournit également en fausses cartes d'identité les réfractaires au
service du travail obligatoire (STO), les résistants traqués, les aviateurs alliés abattus ou encore des Juifs victimes de persécutions.
Ces faux papiers sont confectionnés avec la complicité, au début, d'une employée de la préfecture qui lui fournit de véritables cartes d'identité, numérotées, timbrées, signées, qu'il suffit
de remplir. Par la suite, devant la demande croissante, le directeur de l'imprimerie alençonnaise, Bernard Grisard, membre du mouvement de résistance Organisation civile
militaire (OCM), lui remet des formulaires qu'il imprime lui-même après le départ de ses ouvriers qu'il ne reste plus qu'à signer.
Pour cela, le Père Poulain fait appel aux talents de Jean-Dominique Boucher, enfant de chœur de 14 ans, qui imite parfaitement la signature du chef de division de la
préfecture.
Le matériel de faussaire : cartes vierges, tampons (dont le tampon de la mairie imaginaire de Surdon), encre violette, etc, est entreposé dans le clocher de l'église Notre-Dame.
Lorsque l'abbé Poulain est nommé curé de La-Chapelle-Souëf en novembre 1943, l'abbé Marcel Ferré prend en charge l'officine,
jusqu'à son arrestation au presbytère le 27 janvier 1944.
Le même jour est arrêté Paul Gost, avoué à Alençon, demeurant rue du Jeudi, et beau-frère de Daniel Desmeulles, avec lequel l'Abbé Ferré avait été mis en relation. Bernard
Grisard avait été arrêté à son bureau quelques jours auparavant : le 5 janvier 1944.
Tous les trois sont déportés en Allemagne. Paul Gost meurt le 6 juin 1944 pendant le transfert vers Neungamme, tandis que l'Abbé Ferré sera libéré du camp de Dachau le 29 avril
1945, et Bernard Grisard du camp de Bergen Belsen le 15 avril 1945.
70 ans après l'arrestation de Bernard Grisard, Paul Gost et l'abbé Ferré, une plaque en l'honneur des membres de l'officine a été dévoilée et bénie le dimanche
26 janvier 2014 dans les lieux-mêmes de leur activité clandestine : la basilique Notre-Dame, dans la chapelle consacrée à Sainte Jeanne d'Arc et aux morts de la guerre
1914-1918 (ou chapelle Saint Antoine : 1re chapelle à droite en entrant).