
1re lecture : Isaïe 6, 1-8
Psaume 137
2e lecture : 1re lettre aux corinthiens 15, 1-11
Évangile : Luc 5, 1-11
1. Qu’elle est belle cette image de Jésus, tout au début de l’Évangile : il est en train de prêcher, assis sur la barque que Pierre a quelque peu éloignée du rivage, et pendant ce temps-là, les pêcheurs continuent de travailler, lavant leurs filets après une pêche dont on apprend après qu’elle a été infructueuse. D’un côté Jésus qui explique la Parole de Dieu à une foule affamée de ses paroles, et de l’autre des personnes qui travaillent silencieusement, activement, sans que cela ne dérange. Bien sûr on peut penser que tout en travaillant, ils prêtent une oreille attentive aux paroles de Jésus, mais les deux vont bien ensemble, un peu comme nous, nous pourrions écouter attentivement le commentaire de l’Évangile du dimanche sur RCF tout en continuant à vaquer à nos affaires domestiques. Ce qui est important, ce n’est pas d’être présent à 100 pour cent ou 50 pour cent, l’important est que la Parole de Dieu va être semée et qu’elle va pouvoir pousser.
2. Certains ont terminé leur travail – on est au petit matin et ils ont passé la nuit sans rien prendre, et Jésus lui commence son travail dans le cœur des hommes, par sa parole, par ses paraboles et son enseignement. Le cœur et les oreilles de ces hommes qui jusque-là sauf à de rares exceptions, n’entendaient souvent qu’une parole convenue et conformiste, très répétitive et très moralisante, le cœur et les oreilles de ces hommes sont touchés au plus profond ; c’est une Parole qui relève, « qui fait tilt », dirions-nous aujourd’hui ; elle vient leur redonner courage et confiance ; c’est une parole qui libère et guérit, en particulier sans doute de tous les fossés humains qui ont pu se construire dans les vies de ces hommes et femmes. Quand on a fini de l’entendre, on a envie d’être meilleur, on a envie d’aimer, on a envie d’être généreux et d’aimer la terre entière.
3. Les pêcheurs ont terminé leur travail, mais Jésus commence le sien ; les pêcheurs sont sans doute exténués, déprimés, mais la foule qui entend Jésus se sent revivre, elle est prête à laisser derrière elle rancœur et désappointements, dus à une vie difficile, car ils sont souvent désœuvrés, et eux aussi ! écrasés par toutes sortes de taxes dues en partie à la pression de l’occupant romain. En bref, dans leur cœur, la parole est semée, et elle va produire du trente pour un, du soixante et du cent pour un.
4. On voit alors que cette parole produit du fruit : un peu plus tard, quand Jésus a renvoyé la foule, au milieu de la mer, Jésus ordonne à Simon de jeter les filets ; et bien que celui-ci n’ait rien pris la nuit précédente, il obéit, car la Parole de Jésus entendue avant a déjà produit en lui la confiance et l’obéissance ; et le filet est si lourd qu’ils sont obligés de demander à l’autre barque de les aider à le remonter.
5. Première réaction de Simon : la stupeur et la crainte : Éloigne-toi de moi, Seigneur ! Tout à l’heure, après avoir entendu Jésus parler aux foules, Simon lui disait : Maître (rabbi). Maintenant, après avoir vu sa puissance, il l’appelle Seigneur. Il a bien perçu la majesté de Dieu en Jésus, mais c’est encore, pour lui, une majesté qui éloigne ; elle éveille le respect, mais pas encore l’amour : Éloigne-toi de moi car je suis un pécheur ! Simon imagine qu’il faut mettre une distance entre l’homme indigne et Dieu qui fait merveille. Mais Dieu qui est le tout autre veut être aussi le tout proche. Il n’est pas seulement il est le tout-puissant, mais il est aussi celui qui aime totalement, jusqu’au bout. C’est pourquoi Jésus écarte la peur : Sois sans crainte. Et comment rassure-t-il le disciple ? En lui confiant une mission et en l’appelant à collaborer avec lui : Désormais ce sont des hommes que tu prendras. On pense à : Je ne vous appelle plus serviteurs, je vous appelle mes amis.
6. L’image est très belle car elle évoque le baptême. Simon-Pierre prenait des poissons par l’eau où ils demeuraient ; désormais il les prendra par l’eau du baptême dans laquelle il les fera passer pour les libérer du joug du péché originel, véritable poison mortel.
7. Bien sûr nous aussi souvent, comme Simon-Pierre nous avons peur : peur d’aller en haute mer et d’y jeter nos filets ; pour un prêtre, pour une équipe pastorale, pour des chrétiens engagés dans la préparation au baptême, au mariage, ou pour les équipes deuil, crainte de rencontrer des personnes souvent très éloignées de la foi : comment vont-elles recevoir nos paroles, comment nous faire comprendre, comment rendre accessible et surtout attirant la parole de Jésus. Et Jésus nous redit : Sois sans crainte… Car il n’est pas celui qui veut être craint, mais plutôt aimé.
8. Nous pouvons terminer par la prière proposée en ce jour du dimanche de la santé 2019, en pensant à la Parole de Jésus sur le bord du lac de Tibériade, non loin de Capharnaüm :
Ta Parole est une lampe sur ma
route, elle me réjouit de jour comme de nuit, elle me réchauffe et me rassure.
Seigneur, donne-moi le désir de me laisser aimer, pour que ma vie témoigne d’une bonne Nouvelle !
Ta Parole est une source vivifiante, elle étanche ma soif, au cœur de mes souffrances, elle me pénètre et me libère.
Seigneur, donne-moi la force de partager cette Vie, de la faire grandir et de ne pas la garder pour moi.
P. Loïc Gicquel des Touches