
1re lecture : Apocalypse 7, 2-14
Psaume 23
2e lecture : 1re lettre de Jean 3, 1-3
Évangile : Matthieu 5, 1-12
1. La Toussaint, c’est une fête très importante. En effet, nous risquons de venir à l’église trop souvent avec des images négatives ou tout au moins bien moroses : ceci ou cela ne va pas bien.
Or que fêtons-nous à la Toussaint sinon cette foule innombrable, chantante, jubilante de tous les saints ? Ils se tenaient debout devant le Trône et l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main et ils chantaient…
Ils sont dans la pure action de grâce, dans la pure jubilation, plus rien ne les retient, ils ont passé la grande épreuve…, et c’est pour l’éternité.
2. Les regarder, les contempler, c’est capital pour nous, car il est important de nous redire que c’est à cela que non seulement nous sommes appelés, mais c’est aussi cela vers quoi nous nous dirigeons. Un jour, nous aussi nous jubilerons, nous jouirons de ce bonheur sans fin, de cette béatitude éternelle. Car cette vie faite parfois de tant d’épreuves, de larmes et pour beaucoup d’entre nous de cruelles souffrances, cette vie n’aura qu’un temps, elle passera, et elle laissera la place à cette joie sans fin.
3. Ce sera alors une joie sans aucune arrière-pensée, de nostalgie ou de tristesse, une joie pure, sans mélange, sans retenue (du genre : c’est trop beau, ça va s’arrêter). Rien ne nous retiendra d’exalter la pure beauté de Dieu, sa bonté, sa bienveillance pour tous les hommes. Notre cœur pourra se dilater sans arrière-pensée.
4. Nous serons tous égaux dans cette joie inexprimable, parce que ce sera une joie totale partagée par tous, du plus petit des saints (si on peut dire) jusqu’au plus grand, du saint anonyme et tombé dans l’oubli jusqu’à ceux qui sont les véritables colonnes de l’Eglise, les François d’Assise, les saint Jean-Paul II, les saintes Bernadette Soubirous comme les saintes Thérèse, celle d’Avila et celle d’Alençon et Lisieux. Nous serons heureux de nous y retrouver en famille, unis dans la même jubilation, unis comme jamais nous ne l’avons été en famille, parce que partageant la même joie.
5. Tous saints ! Tous appelés à la sainteté. Ce sera une joie très pure parce que tous, enfin, nous aurons compris et nous le vivrons au plus profond de notre cœur, faut-il dire trivialement : au plus profond de nos tripes, que le Seigneur n’est pas venu pour nous juger ou pour nous condamner, mais pour nous sauver ; nous aurons compris que nul péché, nulle offense, ne peuvent avoir prise sur lui. Nous aurons compris combien sa majesté et sa puissance sont une majesté et une puissance d’amour bien plus renversante, bien plus victorieuse que toutes les autres puissances que nous pouvons imaginer. Notre joie sera inexprimable ; car elle sera de goûter enfin, du plus profond de notre être, combien nous sommes aimés ; et de comprendre jusqu’où cet amour est allé (jusqu’au sacrifice de la croix) pour parvenir jusqu’à nous, et nous sauver. C’est en cela que les saints, dont nous entendrons les noms tout à l’heure dans la litanie, sont dignes de vénération : ils se sont laissés toucher par cet amour et ils y ont répondu. Perméables à cet amour, ils ont extirpé de leur cœur tout égoïsme, tout orgueil ou suffisance pour laisser imprimer dans leur cœur, dans leur corps et toute leur personne, la douceur du Seigneur par laquelle il nous aime.
6. En terminant notre méditation, c’est vers Jésus que nous nous tournons, car c’est lui le Saint par excellence, sur lequel tous les saints prennent modèle et s’enracinent. Il est le pauvre de cœur et le doux qui s’est laissé toucher par tant de détresses humaines ; il est celui qui a pleuré sur Jérusalem bientôt encerclée par les armées ennemies ; celui qui a eu faim et soif de la justice en n’hésitant pas à malmener les pharisiens dans leur appréciation inhumaine de la Loi, il est le miséricordieux qui a pardonné à la femme adultère, au paralytique, à Zachée, leur redonnant ainsi une nouvelle vie. Il est enfin l’artisan de paix qui a été persécuté pour la justice en mourant comme un bandit, un hors-la-loi. C’est vers lui que nous nous tournons à chaque eucharistie et particulièrement aujourd’hui, dans une grande action de grâce, avec tous nos frères et sœurs les saints du ciel. Amen !
P. Loïc Gicquel des Touches