
1re lecture : Isaïe 50, 4-7
Psaume 21
2e lecture : Philippiens 2, 6-11
Évangile : Luc 22, 14 - 23, 56
Le Christ entrant à Jérusalem (Giotto 1304-1306) Chapelle des Scrovegni, Padoue
1. Notre célébration a commencé par la liturgie des rameaux et l’Evangile qui rappelle l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Toute la foule des disciples de Jésus, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus et ils disaient : Béni soit celui qui vient, le Roi (…) Paix dans le ciel et Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Vous avez peut-être remarqué que cela rappelle l’exultation des bergers et des anges au jour de Noël : les anges dans le ciel, l’annonce de la paix. La naissance de Jésus annonce déjà le moment où adulte Jésus sera le maître et Seigneur dans le Temple, dans son Église… Il est déjà vainqueur celui qui va passer la mort. Dieu a visité son peuple, il avait promis un messie, et le voilà, c’est Jésus… et nous sommes très heureux. Nous aussi, nous crions vers Jésus : « Hosanna ! Béni soit Jésus… »
2. Impossible de penser que dans la foule qui acclame, ce seront les mêmes qui vont huer Jésus. Ceux qui l’acclament au jour des Rameaux, c’est le peuple des petits, des humbles, qui attendaient d’un grand désir un sauveur. Quel mystère ! Rangeons-nous délibérément chers amis de ce côté-ci, du côté de ceux qui ne se laissent pas emporter par la drogue de la violence, de la haine, de la moquerie ou de la jalousie. Non, nous croyons vraiment en Celui qui vient, qui s’est fait humble et petit pour nous, monté symboliquement sur son âne. Nous croyons vraiment que celui qui est né de Marie à Bethléem, qui a fait des signes de guérison et de salut, c’est l’envoyé de Dieu qui parle en son nom des paroles de salut. Oui jamais aucun homme n’a parlé comme celui-là…
3. Alors, ce matin, au lieu de passer en boucle les images pénibles de la trahison à Gethsémani, de son abandon par les apôtres, et par le premier d’entre eux l’apôtre Pierre, de la mascarade de procès qu’il a subi, du collège des anciens du peuple, par les grands prêtres et les scribes, en passant par le préfet Pilate et le roi Hérode ; en mettant de côté encore la torture de Jésus sur la croix et le grand cri qu’il poussa avec son dernier souffle et la dérision des chefs du peuple et des soldats, passons plutôt en revue dans le long évangile que nous avons entendu, les bonnes actions des uns et des autres, en nous y reconnaissant nous aussi.
4. Aujourd’hui, ce matin, et tout au long de cette grande semaine,
- nous serons l’un des disciples attablés avec Jésus autour de la table du jeudi-saint. A moi aussi il donne son pain, à moi aussi il me donne la marque de la plus grande amitié qui soit : partager son repas, être son convive, manger à la même table que lui
- je serai celui qui priera avec Jésus au jardin des Oliviers pour le soutenir dans sa mission, pour ne pas le laisser tomber. Je me laisserai travailler de l’intérieur par l’horreur de la passion subie par Jésus pour être gagné par sa douceur et sa bonté.
Comme Simon de Cyrène j’aiderai Jésus à porter sa croix.
- comme Pierre qui sortit et pleura amèrement, je serai capable de me laisser toucher par l’horreur du mal, ce mal dont je suis moi aussi solidaire, pour demander pardon au Seigneur de tout mon cœur.
- je me reconnaîtrai dans ces femmes qui courageusement défient les soldats romains au passage de Jésus portant sa croix pour lui glisser quelques mots de réconfort et d’amitié. Filles de Jérusalem leur dira Jésus, ne pleurez pas sur moi mais sur vous-mêmes. Ce sont elles, les femmes, qui prennent avec toi Jésus la part la plus forte, la plus difficile, de ce chemin ! Donnant la vie, elles en connaissent le prix à payer.
- je serai Joseph d’Arimathie, le disciple caché, portant le corps de Jésus avec un infini respect, pour lui donner une sépulture.
-enfin je serai de ces femmes mues par un indicible amour, un amour trempé dans les larmes, pour laver les plaies de Jésus, pour embaumer ce corps qui avait porté la croix et qui à travers sa vie donnée, a voulu porter un message de bonté et de salut.
Voilà comment nous pouvons aborder notre semaine, et nous nous le redirons en nous y retrouvant pour les différents grands rendez-vous du soir. Amen !
P. Loïc Gicquel des Touches