
1re lecture : Sophonie 3, 14-18
Cantique : Isaïe 12
2e lecture : Philippiens 4, 4-7
Évangile : Luc 3, 10-18
Ce dimanche, frères et sœurs, c’est le dimanche de la joie, le dimanche du Gaudete en latin, du Réjouissez vous en français ; la première et la deuxième
lecture nous y invitent en effet : Pousse des cris de joie, Sion, éclate en ovations, Israël, nous dit le prophète Sophonie ; et St Paul n’est pas en reste avec la
formule qui introduit la lecture : Frères soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez moi vous le redire : soyez dans la joie. Cette joie, c’est aussi celle
que bientôt l’ange du Seigneur annoncera aux bergers, dans la nuit de Noël : je viens vous annoncer une grande joie : aujourd’hui vous est né un sauveur. Il est le Messie,
le Seigneur. Au cœur de l’Avent, cet appel à la joie, devance celle qui sera la nôtre au soir du 24 décembre. La joie de ce 3e dimanche de l’Avent est celle d’une venue qui déjà dilate le cœur et nous donne déjà Celui que l’on attend, avant qu’il ne soit là.
D’une certaine façon, la messe de chaque dimanche nous est donnée pour que nous puissions éprouver cette joie – en laissant nos soucis souvent futiles, peut être exacerbés en ce moment car en
tant que parents, ou grands-parents, il nous faut penser à une foule de choses pour Noël, aux cadeaux, à la manière de recevoir la famille, aux petits ou gros conflits qu’on essaie d’éviter en
cette période de fêtes. A la messe, je laisse de côté ce qui encombre futilement ma tête, pour ne penser qu’au merveilleux cadeau que ce Dieu qui se fait tout petit pour venir à
moi !
Maître, que devons-nous faire, interrogent d’ailleurs par trois fois les contemporains de Jean Baptiste qui viennent à lui dans le désert. Rien d’extraordinaire
leur répond Jean. Quitter la ville, s’installer ermite dans le désert ? Pas du tout, à aucun il ne conseille de quitter son travail. Aller sur la place publique, et faire des prédications
enflammées en annonçant celui qui doit venir ? Pas davantage. Les préceptes de Jean sont d’une grande simplicité et concernent la vie de tous les jours : partagez ce que vous avez en
trop ; contentez-vous de ce que vous avez, sans rien extorquer, sans profiter d’une situation avantageuse. Et pourtant, on sait combien les soldats, ou bien les collecteurs d’impôt étaient
mal considérés, mal vus. Car le Seigneur vient au milieu des vies les plus ordinaires qui soient, et non pas en posant je ne sais quelle condition impossible à remplir. Jean Baptiste ne leur
donne pas un cours de théologie ni d’exégèse, il ne leur demande pas d’assister à la messe ni de multiplier des sacrifices au temple. Il leur demande tout simplement de « partager » et
de « pratiquer la justice ». Tous ces conseils visent les fautes dans lesquelles il est si facile de tomber : s’enrichir en profitant d’une sorte d’immunité professionnelle...
profiter de ce qu’on est le plus fort pour en tirer un avantage. A nous alors de nous demander quels sont les péchés habituels de notre profession, de notre situation ? Et nous,
que devons-nous faire ?
Or, nous dit Luc, le peuple était « en attente »... Ces hommes et ces femmes n’attendent plus seulement quelque chose, mais ils attendent quelqu’un. Ce
« quelqu’un » qui « vient », Jean Baptiste le décrit à sa manière de prophète par des termes très forts, celui de baptême dans l’Esprit Saint et le feu – ce feu si évocateur
pour nos amis les sapeurs-pompiers - pour leur faire comprendre que cette venue va vraiment les bousculer, comme un vent de tempête, comme un ouragan. Car le feu, nous le savons
bien, non seulement réchauffe et éclaire, mais en brûlant, il décape, il arrache les impuretés ; ce feu ainsi décrit par le Baptiste, c’est vraiment l’Esprit de Dieu promis par Jésus et reçu
à la Pentecôte. Mais aussi, nous le savons, dans la personne de Jésus, il prendra aussi les traits de la douceur et de la bienveillance : Que votre bienveillance soit connue de
tous les hommes, ajoute l’apôtre Paul.
Ainsi voyons-nous que cette joie à accueillir le Messie, qui doit être la nôtre, à une douzaine de jours de sa venue, n’est pas sans conditions intérieures à accomplir. Ce n’est pas la joie de
l’insouciance, c’est la joie de celui qui, avant la venue du Sauveur, se met en règle parce qu’il sait que cette joie ne peut être vraie s’il n’a pas fait un peu de ménage dans sa vie. Comment je
vis le partage, surtout en ce moment où différents événements, l’avenir de la planète, l’exil massif de populations à cause de la guerre, m’y rendent plus attentifs ? Est-ce que j’ai une attitude
de droiture, d’intégrité avec ceux qui m’entourent ? Qu’en regardant alors tout simplement l’enfant Jésus de la crèche nous soyons alors touchés par ce désir de vivre en frères, et que la
joie de Noël, toute simple, toute pure, vienne alors remplir nos vies, AMEN !
P. Loïc Gicquel des Touches