
1re lecture : Isaïe 50, 5-9a
Psaume 114
2e lecture : Jacques 2, 14-18
Évangile : Marc 8, 27-35
La foi qui n’agit pas est morte
1. La Parole de Dieu, chaque dimanche, veut nous faire aller plus loin dans notre réflexion, en nous aidant à faire la vérité en nous et autour de nous ; et elle nous le montre ce matin
encore. Ainsi St Jacques, dans la deuxième lecture, part de ce postulat très simple, mais bon à réentendre pour nous : celui qui n’agit pas, sa foi est bel et bien morte. Cette affirmation nous semble certainement évidente, mais chez nous chrétiens, il est si
important de la réentendre !! A quoi sert de dire qu’on a la foi, à quoi cela servirait-il même au nom de notre foi de donner des leçons, si dans la vie de tous les jours, chez nous, au
travail, au collège ou au lycée, ou dans la vie de la cité, nous ne donnons pas l’exemple non seulement de la justice ou de la droiture de vie, mais aussi et peut-être surtout du partage et de la
solidarité ?? Car pour un chrétien, il ne servira à rien d’aller à la messe tous les dimanches et d’accomplir ses devoirs de baptisé comme on disait autrefois, ou même de se faire tuer au
nom de Jésus, si notre vie de tous les jours n’a pas été transformée par l’évangile, en terme d’amour des autres. Sur ce registre encore, c’est toute une communauté chrétienne qui doit faire son acte de conscience car la bonté, la charité, la bienveillance, l’amour, la joie, (Gal 5, 22)
aussi devraient être contagieuses ; et si nous ne parvenons pas ou peu à attirer des personnes à la foi chrétienne, c’est que nous ne donnons pas assez envie ! En d’autres termes, nous
ne venons pas à la messe pour nous faire plaisir ou faire plaisir à Dieu, nous venons à la messe pour être transformés de l’intérieur, devenir vraiment ses disciples, et peu à peu, pour que notre
cœur de pierre devienne un cœur de chair. Oui, une foi qui n’agit pas est une foi morte ; si nous ne donnons pas envie à d’autres, grâce à notre témoignage de vie, d’être chrétiens,
au contraire si nous sommes repoussants parce que concrètement nous ne vivons pas de cette vie évangélique, alors il ne sert à rien d’être chrétiens ; être chrétien, ce n’est pas seulement
une identité, parce que nous serions baptisés, confirmés ou que nous aurions fait notre communion ; être chrétien, comme le souligne St Jacques, c’est vraiment une attitude, un agir :
Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvresque je te
montrerai ma foi : ces mots entendus tout à l’heure sont très forts et sont certainement à méditer par chacun de nous. Que la foi ne s’oppose pas à tout ce que la charité nous
commande ! Au contraire, que la foi dans le Seigneur stimule notre désir de nous engager pour les autres, et en ce moment, il y a certainement de quoi faire, l’actualité nous rattrape.
2. Deuxième ambiguïté, vécue à l’époque de Jésus, expérimentée par l’apôtre Pierre. Qui suis-je ?, leur demande Jésus. Le messie, répond Pierre. Mais il leur défend
alors vivement de parler de lui à personne ; et il leur enseigna qu’il fallait que le Fils de l’Homme souffre beaucoup, et qu’il soit tué. En d’autres termes : certes, Pierre a fait
une réponse juste, Jésus est le Messie attendu. Mais c’est un messie tel que la plupart des disciples se le représentent : un guérisseur, et un chef de guerre, qui délivrera bientôt Israël
du pouvoir des Romains. C’est pourquoi Jésus arrête aussitôt Pierre : il n’est pas ce Messie-là, et si c’est ce Messie qu’ils attendent, ils font fausse route. Pas un Messie flamboyant et
va-t’en guerre. Ce n’est pas la véritable foi celle-ci. La véritable foi, c’est de croire en Jésus avec, si
on peut dire, l’œuvre de la Passion. Celui qui n’agit pas disait St Paul, sa foi est morte. Jésus a agi avec l’œuvre de sa passion ; c’est en mourant sur la croix dans
un grand élan d’amour pour nous qu’il nous a prouvé qu’il était le Fils, le Messie. C’est bien pour cela qu’il ne veut pas que ses apôtres révèlent encore qui il est ; ce n’est pas par ses
miracles ou ses exorcismes qu’il le fait ; il le révélera de manière bien plus forte, bien plus vraie, sur la croix. La mission du Christ, ce n’est pas les guérisons miraculeuses, ni les exorcismes, c’est de manifester son pouvoir sur la croix. C’est pour cette
raison que le malheureux Pierre se voit rabroué avec une certaine violence ; empêcher Jésus d’aller vers la Passion, c’est nier pourquoi il est venu, c’est nier sa véritable identité.
3. L’œuvre de la Passion, elle est à l’œuvre aujourd’hui dans notre monde avec cet afflux massif de réfugiés ; avec le pape, on peut parler d’un « véritable désastre ». Le
communiqué de notre évêque à l’occasion de l’arrivée dans notre pays et dans notre ville de familles de réfugiés venus surtout de Syrie, ne pouvait pas tomber mieux avec les lectures de ce
dimanche, il faut l’avouer ; j’en extrais un seul paragraphe : « Dans un appel prophétique dimanche dernier, le pape François invitait les chrétiens d’Europe à être généreux et
inventifs dans l’accueil que nous devons tout de suite réserver à ces populations. En adressant un tel appel, le pape ne prétend pas résoudre la question, mais il nous appelle à la
responsabilité. Nous ne devons pas, sous prétexte de la complexité d’une question, rester dans l’émotion et la condamnation, il nous faut agir. La raison et le cœur doivent s’harmoniser autant
que possible. J’invite chacun d’entre nous à vivre une vraie mobilisation. Réunissons-nous, réfléchissons, soyons force de propositions. Il y a là tout un champ de collaborations avec les
services de l’État et les associations caritatives non confessionnelles ». Avec les équipes pastorales de notre doyenné, avec les chrétiens qui œuvrent déjà dans des associations qui
accueillent migrants et réfugiés, nous allons voir comment nos communautés peuvent s’engager dans cet accueil et nous reviendrons vers vous bientôt pour vous en faire part.
P. Loïc Gicquel des Touches