
Humilité et responsabilité
Le monde médiatique s'est emparé de la question des migrants. Tous les moyens : télévisions, radios, journaux, réseaux sociaux se font l'écho de ce drame humain. Beaucoup d'analyses, de propositions, de commentaires affluent... parfois jusqu'à saturation. On ne peut que se féliciter que l'opinion publique soit ainsi informée d'une telle actualité, et il demeure bien clair que nous ne sommes qu'au début d'un drame éminemment complexe.
Tous ces événements doivent nous amener à une double attitude : l'humilité et la responsabilité.
L'humilité s'impose devant l'ampleur de la souffrance et devant la complexité du sujet. Aucun slogan simplificateur ne pourra jamais aider à la réflexion. Prenons la mesure des enjeux politiques, économiques, stratégiques, religieux, culturels qui s'entrecroisent. Les enjeux spirituels ne sont pas non plus à sous-estimer.
Certainement nos sociétés ont un examen de conscience sérieux à opérer pour analyser les mécanismes qui nous ont conduits à un tel désastre. Le cardinal Vingt-Trois déclarait la semaine dernière que la solution était politique. Il faisait appel à la raison. Le pape François dans son encyclique Laudato Si’ nous donne aussi des éléments de réflexion.
Mais la raison n'empêche pas le cœur de parler. Le cœur du pape a parlé. Dans un appel prophétique dimanche dernier, il invitait les chrétiens d'Europe à être généreux et inventifs dans l'accueil que nous devons tout de suite réserver à ces populations. En adressant un tel appel, le pape ne prétend pas résoudre la question, mais il nous appelle à la responsabilité. Nous ne devons pas, sous prétexte de la complexité d'une question, rester dans l'émotion et la condamnation, il nous faut agir. La raison et le cœur doivent s'harmoniser autant que possible.
J'invite chacun d'entre nous à vivre une vraie mobilisation.
Réunissons-nous, réfléchissons, soyons force de propositions. Il y a là tout un champ de collaborations avec les services de l'Etat et les associations caritatives non confessionnelles.
Dans nos démarches restons aussi mobilisés dans la prière, c'est aussi un combat spirituel qui est à mener.
Que toute initiative en ce domaine soit partagée au plan diocésain. Qu'en ce début d'année pastorale les mots de générosité et de fraternité soient vécus par chacun. Dans l'Église, nul n'est un étranger.
Monseigneur Jacques Habert,
Évêque de Séez
9 septembre 2015